6 août 2007
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La bataille d'Eylau (Bagrationovsk, anciennement Preußisch Eylau) a eu lieu le 8 février 1807.
Les Prussiens ayant été écrasés à Iéna et Auerstaedt, Bennigsen que le Tsar avait envoyé avec 60 000 hommes pour les soutenir, se trouve obligé de temporiser en attendant des renforts russes sous les ordres de Buxhovden. Sans faire jonction avec le corps d'armée prussien du général Lestocq survivant il se replie sur la ville d'Ostrołęka en Pologne.
Napoléon Ier, irrité par la reprise des hostilités par la Russie, qu'il croyait avoir relativement épargnée lors de la paix de Presbourg, franchit la Vistule et tente alors d'envelopper la retraite des Russes par un mouvement de sa gauche, qui du fait des conditions atmosphériques échoue, ne provoquant que des combats d'arrière garde à Pułtusk et à Golymin (26 décembre 1806).
Les renforts russes, 50 000 hommes avec Buxhovden et 30 000 de la Garde impériale russe, étant arrivés, Bennigsen dispose alors de 140 000 hommes en Pologne et se résout à passer à l'offensive en attaquant le corps du maréchal Bernadotte, situé au nord du dispositif français et après l'avoir défait, s'engager dans les arrières des Français. Cependant Bernadotte réagit promptement en prenant l'offensive à Mohrungen, le 25 janvier 1807, ce qui permet de dégager son corps d'armée, face à des forces deux fois supérieures en nombre.
Napoléon, averti, lui ordonne ainsi qu'à Ney de se replier plus en arrière, pensant attirer Bennigsen, pour le prendre de flanc et l'adosser à la Baltique. Mais la prise d'un courrier français met celui-ci au courant du piège tendu et le pousse à nouveau à la retraite. Napoléon, décide alors de le contraindre à la bataille générale en marchant directement vers Königsberg où il sait se trouver la majorité des approvisionnement russes. Bennigsen, après deux combats d’arrière-garde à Hof et Heilsberg le 6 février, acculé choisit le village de Preussisch-Eylau pour tenter de l'arrêter.
Le 7 février:
Arrivés vers 14 heures, Soult et Joachim Murat attaquent l’avant-garde russe commandée par Bagration, située à l’ouest sur la route de Lansberg et dans le village même. Les premières attaques menées par les brigades Schiner et Vivies, sur la droite à travers les bois, et les brigades Levasseur et Essards, au centre à travers le lac gelé, se font sèchement repousser. Mais l’arrivée de la division Leval et du corps d’Augereau qui menacent d’envelopper par la gauche, contraint les Russes à se replier sur le village et en début de soirée, la division Legrand appuyée par celles de Saint-Hilaire et de Leval arrache le village aux Russes lors d’un corps à corps où se distingua la brigade Essards. Bagration, battu, recula sur la gauche des positions qu’occupait son général en chef sur les hauteurs à l’est du village. Napoléon arrivé à 23 heures à Eylau ne dispose que de 46 000 hommes et 300 canons, le corps de Davout, et celui de Ney étant encore respectivement, à 18 km au sud et 30km au nord tandis que celui de Bernadotte encore plus éloigné. Face à lui, Bennigsen a 80 000 hommes appuyés par 400 pièces, il décide néanmoins de livrer bataille le lendemain pour éviter une nouvelle dérobade russe.
Le 8 février:
Dès sept heures, l’artillerie russe répartie en trois grandes batteries pilonne les positions de Soult et le village. Rapidement l’artillerie française répond provoquant un gigantesque duel que les troupes des deux camps n’ayant pas mangé et dormi sans feu, subissent pendant deux heures. À neuf heures, Davout arrive, et immédiatement attaque par le sud, mais son infériorité numérique, malgré les succès initiaux, le met en difficulté, l’Empereur, pousse donc le corps d’Augereau et la division de Saint-Hilaire pour l’appuyer. Mais aveuglées par la neige, les colonnes de ceux-ci se présente de flanc contre la batterie centrale russe et se font décimer, les généraux de division Desjardins et Heudelet sont tués et le maréchal d’Augerau est blessé. Le 14e régiment d'infanterie encerclé est anéanti, sous les yeux même de Napoléon (qui ordonne a Augereau de tenter une opération de sauvetage et ce qui laissera un fameux passage dans les Mémoires du Général Marbot avec sa jument Lisette), par la contre-attaque générale lancée avec la garde impériale russe, la cavalerie et la division du général Somov qui vise à couper les Français en deux au niveau du village en profitant de la brèche créé. Napoléon, alors dans le cimetière d'Eylau, ne recule pas et fait donner la Garde. Électrisés par la présence de leur Empereur, les grenadiers de Dorsenne et les chasseurs à cheval de Dahlman, stoppent net la colonne russe de grenadiers qui vise le cimetière dans un titanesque corps à corps à l’arme blanche, c'est l'une des rares batailles où l'infanterie de la Garde impériale intervient. Il provoque ensuite Murat : « Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? », qui enlève une énorme charge de toute la cavalerie disponible, 12 000 hommes, la plus grande charge de tous les temps. Celle-ci sabre, à l’aller et au retour, les deux divisions que Bennigsen avait engagées dans l’exploitation de l’anéantissement des troupes d’Augerau, rétablissant la situation.
Le combat reste indécis toute l’après-midi, malgré l’apparition du Prussien Lestocq et de ses 10 000 hommes attaquant la droite de Davout, qui est contre-balancé par l’arrivée de Ney et de ses 8 000 hommes. La nuit tombée, Bennigsen à court de munitions, sans réserves, contre l’avis de Knorring, Osterman et Lestocq, décide de se replier vers Königsberg.
La victoire est française, mais elle a coûté fort cher :
Le corps d’Augerau est quasiment détruit, les autres corps sont très entamés.Plusieurs généraux de grande valeur sont perdus :
maréchal Augereau est blessé grièvement.
Général de division Desjardins
Général de division Heudelet
Général de division d'Hautpoul (malgré une cuisse brisée et l’avis de Larrey, il refuse l’amputation et meurt le 14 février)
Général de division Dahlmann
Lochet
Varé
D'Hommières
L’aide de camp de Napoléon, Claude Corbineau...
Napoléon, très affecté par les pertes subies, contrairement à son habitude, restera huit jours sur le champ de bataille pour activer le secours aux blessés. De plus, elle n’est pas décisive car Bennigsen, quoique très entamé, s’est retiré en bon ordre et n’a pas été réellement poursuivi du fait de l’état d’épuisement de l’armée française. Il faudra une autre grande bataille pour contraindre les Russes à la paix, décisive celle-là, ce sera Friedland.
Fiction : Le colonel Chabert (héros du roman de Balzac) réputé mort à la bataille d'Eylau lors de la grande charge de Murat, réapparaît à Paris sous la Restauration, au grand dam de sa femme qui a hérité de sa fortune et s'est remariée.