BAGNÈRES-DE-BIGORRE, Hautes-Pyrénées (Reuters) - Partie sur les traces du botaniste suisse Augustin Pyramus de Candole qui avait recensé la flore des Pyrénées durant l'été 1807 à la demande de Napoléon 1er, une équipe de botanistes français a fait étape dans la plaine, vendredi, pour faire un point, à mi-chemin, sur leur expédition."Comme Pyramus de Candole, et grâce aux documents qu'il a laissés, nous traversons toute la chaîne pyrénéenne à pied, d'est en ouest, en n'empruntant que des sentiers d'altitude", a expliqué Alain Félix, organisateur de cette expédition."Grâce aux descriptions précises laissées par le savant suisse, nous remarquons que le paysage a beaucoup changé. Beaucoup de pâturages ont disparu en certains endroits. Sur d'autres zones, ce sont des aires entières de pastoralisme et d'agriculture sur terrasses qui ont été abandonnées par l'homme", a-t-il ajouté."En fait, la forêt gagne du terrain à mi-altitude et plus en hauteur, les glaciers ont souvent perdu les trois quarts de leur superficie du fait, notamment, du réchauffement climatique", a poursuivi Alain Félix.
"D'un point du vue botanique, nous avons retrouvé la presque totalité des 150 espèces florales recensées deux siècles plus tôt par notre prédécesseur. Dans certains cas, ce sont les aires d'implantation de ces espèces qui ont changé d'altitude", explique pour sa part Gérard Largier, membre de l'expédition et directeur du Conservatoire pyrénéen de botanique.
"En revanche, de nouvelles espèces sont apparues qui sont devenues invasives au point de menacer les autres", dit-il. "C'est le cas notamment de la Balsamine d'Himalaya qui se serait échappée au siècle dernier d'un jardin exotique de Luchon et qui envahit aujourd'hui les rives de beaucoup de cours d'eau d'altitude", précise Gérard Largier.
Ce savant cite encore le cas d'une fleur inconnue jadis sur le massif pyrénéen, la Seneçon du Cap, qui a colonisé aujourd'hui le massif jusqu'à 1.600 m d'altitude.
Toxique pour le bétail, cette plante aurait été introduite par accident par des marchands de peaux de brebis qui transportèrent ces peaux d'Afrique du sud jusqu'au centre lainier de Mazamet, dans le sud de la France. En franchissant les cols, ils auraient par mégarde semé les graines de ces plantes enfouies dans les peaux animales non encore traitées.
A l'issue de leur expédition qui s'achèvera le 31 août à Saint-Jean-de-Luz, ces savants tireront les conclusions définitives de leurs découvertes avant de les faire partager à la communauté internationale des botanistes et au grand public par le biais de différentes publications.