7 septembre 2007
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La plus belle route de France comme parcours, la plus audacieuse comme tracé et la meilleure comme sol, telle est la route Napoléon, de Cannes à Grenoble...).
Journaliste et chroniqueur à l'éclaireur de Nice, Jean Eparvier ne retient pas sa plume en ce 28 Juin 1932 pour annoncer les cérémonies inaugurales, plusieurs fois différées d'un itinéraire essentiel du tourisme automobile alpin. Un certain lyrisme national avait fait revendiquer à la veille de la première guerre mondiale, puis attribuer, au seuil de la seconde, le nom prestigieux de Napoléon à une chaussée qui, pour l'essentiel, fut construite bien après son célèbre retour de l'ile d'Elbe.
Dès 1913, l'abbé Chaperon avait proposé au sydicat d'initiative d'Artuby (Var) un voeu immédiatement voté, tendant à l'attribution du nom de l'Empereur à la section Cannes-Grenoble de la RN85.
Les autres syndicats d'initiatives concernés avaient emboité le pas et, en fin de compte, obtenu un arrêté ministériel rebaptisant Route Napoléon ce qui avait été jusque -là dénommé Routes des Alpes d'Hiver.
La fameuse routes des Grandes Alpes, itinéraire privilégié du tourisme automobile, à la réalisation de laquelle s'était attelé le touring club de France depuis les dernières années du XIXème siècle, était en effet impraticable pendant la mauvaise saison. La promotion d'une autre route, dite Route des Alpes d'Hiver puis Napoléon, de moyenne altitude celle-là, et desservant les principales cités alpines tout en leur apportant les bénéfices de la fréquentation touristique, avait donc été résolue très opportunément. Si l'Empereur n'avait guère eu le loisir, quant à lui, de se livrer aux délectations touristiques, au mois de Mars 1815, la voie Alpine, historique ou actuelle, à laquelle son nom est désormais accolé, demeure l'un des meilleurs accès pour découvrir des paysages naturels et des implantations humaines particulièrement attachants.
NAISSANCE DE LA ROUTE RN85
C'est en définitive la restauration et le IIème Empire qui parviendront à la construction d'une véritable route: la RN85 de Lyon à Antibes. L'itinéraire, d'abord stratégique, en raison de tensions renouvelées sur la frontière Alpine, se voulut dès 1905 une prestigieuse voie touristique.
LE CHEMINEMENT DE MARS 1815
Le chemin véritable que Napoléon Ier fut contraint de suivre s'écarte sensiblement du tracé actuel de la RN85.
Ainsi, entré Saint-Vallier-de-Thiey et Escragnolles, il s'enfonce dans la vallée de la siagne avant de gravir la montagne Saint-Martin. Entre Barrême et Digne, il escalade le massif des Dourbes et rejoint le vallon des Eaux-Chaudes. Entre Vizille et grenoble seul existait, en 1815, l'itinéraire par Eybens et brié-Et-Angonnes.
1er MARS 1815
Le débarquement s'effectue sur la plage de Vallauris, au lieu dit la Gabelle. Napoléon Ier, ayant attendu vainement le ralliement de la garnison d'Antibes, se met en route vers Cannes, avec ses hommes, tard dans la soirée, pour y dormir sur le sable de se qui sera un jour La Croisette...
2 MARS 1815
Levée très tôt, la petite armée reprend la route avant le lever du soleil et atteint Grasse avant midi. Après deux haltes à la place de La Foux puis sur le plateau de Roquevignon, elle arrive à Saint-Vallier, où l'Empereur se repose sur un banc de pierre. C'est ensuite la rude montée vers Escragnolles, où il remettra une bourse d'or à la mère du Général Mireur mort en Egypte. Tard dans la nuit, on parvient à séranon où le bivouac dans la neige a été préparé par cambronne et son avant garde. Napoléon Ier, quand à lui passe la nuit dans la gentilhommière de Broundet.
3 MARS 1815
Après une courte nuit, cette matinée du 3 conduit la colonne militaire jusqu'à Castellane. Napoléon y déjeune à la Sous-Préfecture. La troupe franchira ensuite, dans la neige, la rude montée du col des lèques avant de redescendre sur Senez, que le grand chemin évite. Elle arrivera enfin à Barrême à la nuit. Tandis que les hommes dorment sur la place de l'église, Napoléon est hébergé chez le juge Tartanson.
4 MARS 1815
La troupe s'ébranle à nouveau très tôt. Dans la descente sur Digne, un mulet chargé de pièces d'or tombe dans le ravin. Bientôt, la colonne passe devant les bains thermaux. Elle pénêtre dans la ville, où le samedi est jour de marché. Là sont imprimées les premières proclamations. Dans l'après-midi, on atteint Malijai et son château, où l'Empereur passe une nuit d'inquiétude à la perspective de l'étape de Sisteron...
5 MARS 1815
Napoléon franchit sans encombre le pont de Sisteron pour déjeuner à l'auberge du Bras d'Or; il reçoit le sous-préfet et le maire, qui relatera leur rencontre. En début d'après-midi, la troupe repart. La route est quasi plate jusqu'à la Saulce car elle longe la Durance, puis elle monte légèrement jusqu'à Gap. Napoléon dort à l'auberge Marchand rue de France, réquisitionnée par Cambronne.
6 MARS 1815
Après un accueil chaleureux à Gap, la troupe entreprend la montée du Col Bayard puis traverse le Champsaur pour se reposer à Corps où Cambronne a retenu, poyr l'Empereur, la chambre N°1 de l'auberge Dumas.
7 MARS 1815
Il ne reste plus qu'un jour de marche pour atteindre Grenoble, mais cette journée sera marquée par un évènement majeur. Après avoir dépassé la Mure, la troupe Impériale rencontre, en effet dans le défilé de Laffrey, le bataillon du 5ème de ligne, venu de Grenoble. Ce dernier baissera les armes devant Napoléon et se ralliera à lui aux cris de "Vive l'Empereur!"
LA ROUTE NAPOLEON AUJOURD'HUI:
La route Nationale 85 relie la Méditerrannée et les Alpes du Nord. Une aigle Impériale dressée sur un N couronné de chêne et de laurier est son emblême. Elle parcours plus de 300 KMS au total dont environ 61 KMS dans les Alpes-maritimes, 117 KMS dans les Alpes-de-Haute-Provence, 78 KMS dans les Hautes-Alpes et 51 KMS dans l'Isère. Elle traverse les villes de Grenoble, Cannes, Grasse, Gap, Digne-les-bains, Sisteron. Elle croise le parc naturel régional du Verdon au iveau de Castellane. De Castellane à Digne, elle traverse la réserve géologique de Haute-Provence. Au Nord de Gap, elle côtoie le parc national des Ecrins.
Siagne, Asse, la Durance, Bléone et la Drac sont les principaux cours d'eau qui la traverse.
Elle passe par les cols du Pilon (782m), pas de la Faye (900m), Cols de Colette (1042m), de Valferrière (1169m), de l'Orme (714m), des Lèques (1146m), de Luens (1056m), Bayard (1300m).
Cerfs, chevreuils et sangliers s'y côtoient.
La route voit passer en moyenne 8480 véhicules par jour dont: 9468 dans les Alpes-Mariimes, 6073 dans les Alpes de Haute-Provence, 6235 dans les Hautes-Alpes et 12150 en Isère.
En hiver, léquipement du véhicule est obligatoire pour le passage des cols des Lèques, de Luens, Bayard, ainsi que pour les rampes du Moty (au Sud de Corps), de Pont-Haut (au Sud de la Mure) et de Laffrey.