L'église de la Madeleine se situe sur la place de la Madeleine dans le VIIIe arrondissement de Paris. Elle constitue une parfaite illustration du style architectural néoclassique.
Sa construction s'est étalée sur 85 ans en raison des troubles politiques en France à la fin du XVIIIe siècle, et au début du XIXe siècle. Les changements politiques de l'époque en firent modifier à plusieurs reprises la destination et les plans
Conçu par Napoléon Ier comme un temple à la gloire de sa Grande Armée en 1806, le bâtiment faillit être transformé en 1837 en gare ferroviaire, la première de Paris, avant de devenir une église en 1845.
Au XVIIIe siècle, la rue Saint-Honoré franchissait les remparts de Paris par une porte monumentale située approximativement au niveau de l'actuelle rue de Castiglione. Au-delà de cette porte se développa, à partir du XVIe siècle, un faubourg connu d'abord sous le nom de Culture l'Évêque puis de Ville l'Évêque car il était placé sous la suzeraineté de l'évêque de Paris depuis une concession remontant au roi Dagobert Ier.
Pour desservir ce faubourg, une chapelle, attestée depuis 1238, fut remplacée par une église dédiée à sainte Marie-Madeleine, sainte Marthe et saint Lazare, dont le roi Charles VIII posa la première pierre en 1492. Elle se situait probablement à l'emplacement de l'actuel n° 8 boulevard Malesherbes.
Devant l'accroissement de la population du faubourg de la Ville l'Évêque, l'église fut agrandie à deux reprises, en 1659 et 1698. Mais après l'annexion du faubourg à la capitale, en 1722, il devint nécessaire d'envisager la construction d'une nouvelle église sur un nouveau site. Alors qu'on arrêtait, selon le parti proposé par l'architecte Ange-Jacques Gabriel, l'aménagement de la nouvelle place Louis XV, on envisagea de l'édifier dans l'axe transversal de la nouvelle place, à l'extrémité de la future rue Royale, sur un terrain occupé, selon les anciens plans, par l'hôtel de Chevilly.
L'ancienne église fut désaffectée en 1765, vendue en 1767 et démolie en 1801.
Les plans de la nouvelle église de la Madeleine furent commandés en 1757 à Pierre Contant d'Ivry (1698-1777), architecte du duc d'Orléans. il proposa un édifice en forme de croix latine surmonté par un petit dôme dont le projet fut approuvé formellement en 1764.
La première pierre avait été posée sous le règne de Louis XV, le 3 août 1763, par le roi en personne. Les fondations étaient creusées et le soubassement commençait à s'élever lorsque Contant d'Ivry mourut en 1777. Étienne-Louis Boullée imagina un nouveau projet respectant les fondations déjà établies, mais Contant d'Ivry fut en définitive remplacé par un de ses élèves, Guillaume-Martin Couture dit « le Jeune », qui remania complètement le parti de son prédécesseur et, en s'inspirant du projet de Jacques-Germain Soufflot pour l'église Sainte-Geneviève, proposa une église en forme de croix grecque, surmontée d'un dôme plus vaste, et précédée d'un portique orné d'un ordre corinthien.
Lorsqu'éclata la Révolution française, les fûts des colonnes de la Madeleine s'élevaient jusqu'à la hauteur des chapiteaux, comme le montre un dessin représentant la cérémonie funèbre en l'honneur de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d'Étampes, le 3 juin 1792. Mais la période était peu propice à la construction d'églises, et les travaux furent complètement arrêtés sur décret de l'Assemblée Nationale, le 30 décembre 1791. La direction des Bâtiments loua alors les sous-sols à un marchand de vin (1794) et diverses parcelles de l'enclos à des artisans.
Sous le Consulat (1799-1804), les travaux restèrent en suspens.
De nombreux architectes avaient proposé des projets pour l'achèvement de l'édifice. Jacques-Guillaume Legrand et Jacques Molinos avaient imaginé de l'inclure dans un immense palais destiné à abriter la Convention nationale : la salle des séances aurait été logée dans le chœur tandis qu'un vaste bâtiment circulaire aurait abrité les bureaux. Jacques-Pierre Gisors proposa d'y installer la Bibliothèque nationale ou l'Opéra.
Un décret impérial du 21 février 1806 affecta l'ensemble immobilier à la Banque de France, au Tribunal de commerce et à la Bourse de Paris. L'architecte Pierre-Alexandre Vignon (1763-1823) fut chargé de dresser les plans du nouvel édifice, mais le projet fut abandonné sur les instances des banquiers et des commerçants, qui jugeaient l'emplacement trop éloigné du quartier des affaires.
En définitive, le 2 décembre 1806, au camp de Poznań en Pologne, l'Empereur Napoléon Ier signait un décret pour l'édification d'un temple à la gloire des Armées françaises. Selon l'exposé des motifs : « Le Monument dont l'Empereur vous appelle aujourd'hui à tracer le projet sera le plus auguste, le plus imposant de tous ceux que sa vaste imagination a conçus et que son activité prodigieuse sait faire exécuter. C'est la récompense que le vainqueur des Rois et des Peuples, le fondateur des empires, décerne à son armée victorieuse sous ses ordres et par son génie. La postérité dira : il fit des héros et sut récompenser l'héroïsme. [...] À l'intérieur du monument, les noms de tous les combattants d'Ulm, d'Austerlitz et d'Iéna seront inscrits sur des tables de marbre, les noms des morts sur des tables d'or massif, les noms des départements avec le chiffre de leur contingent sur des tables d'argent. »
Un concours fut lancé auquel participèrent quatre-vingts artistes. Le projet de l'architecte Pierre-Alexandre Vignon fut retenu par l'Empereur lui-même, contre l'avis de l'Académie impériale : un temple périptère, retour à l'antiquité, inspiré de l'architecture grecque et romaine.
Peu après, on démolit tout ce qui avait été édifié sur les plans de Couture et les travaux progressèrent rapidement jusqu'en 1811, date à laquelle ils durent être arrêtés faute d'argent. Après la campagne de Russie de 1812, Napoléon renonça au temple de la Gloire, et revint au projet primitif d'une église : « Que ferons-nous du temple de la Gloire ? dit-il à Montalivet. Nos grandes idées sur tout cela sont bien changées… C'est aux prêtres qu'il faut donner nos temples à garder : ils s'entendent mieux que nous à faire des cérémonies et à conserver un culte. Que le Temple de la Gloire soit désormais une Église : c'est le moyen d'achever et de conserver ce monument. »
Lorsque les Bourbons retrouvèrent leur trône, les travaux étaient bien avancés : les fondations étaient terminées, le soubassement avait été mis en place, les colonnes dressées et les murs latéraux commençaient à s'élever ; il restait à couvrir l'édifice et à le décorer. Le roi Louis XVIII avait ordonné en août 1816 que la nouvelle église serait un monument expiatoire à la mémoire de Louis XVI, de la reine Marie-Antoinette et de Madame Élisabeth. Cette vocation ne devait se traduire que dans le décor de l'édifice et n'altéra donc pas le plan d'ensemble. Mais les fonds manquaient, et Louis XVIII finit par faire édifier à proximité, sur sa cassette personnelle, la chapelle expiatoire. Vignon, qui demeurait chargé des travaux, avait toutes les peines du monde à faire avancer son chantier et mourut en 1828 sans avoir pu terminer son œuvre.
Il fut remplacé par son collaborateur, Jacques-Marie Huvé qui parvint enfin à faire accélérer les travaux lorsque survint la Révolution de 1830. Pour Louis Philippe, fils de régicide, il n'était évidemment pas question de poursuivre le programme des Bourbons de la branche aînée. Après avoir un instant envisagé de transformer le bâtiment en gare ferroviaire, il confirma sa destination d'église, mais décida qu'elle n'aurait qu'un caractère paroissial. La loi de 1834 dégageant un crédit de 6 millions pour des chantiers d'utilité publique afin de résorber le chômage permit d'achever les travaux en 1842. L'église fut consacrée le 9 octobre 1845 par Mgr Affre, archevêque de Paris.